
L’analyste financier, Moez Hadidane, a déclaré ce jeudi 17 avril 2025 que la Banque centrale de Tunisie (BCT) tire l’essentiel de ses revenus des intérêts sur les prêts accordés aux banques ainsi que des placements de ses excédents de liquidité auprès d’institutions financières étrangères ou d’autres banques centrales. Ces opérations génèrent pour l’institution monétaire des marges bénéficiaires importantes, bien qu’encadrées par la conjoncture économique et les politiques monétaires.
Selon Hadidane, la BCT a appliqué en 2024 un taux d’intérêt de 8 % sur les prêts octroyés aux banques. En cas de surplus de liquidités dans le système, celui-ci est déposé auprès de la Banque centrale avec un taux directeur négatif de -1 %. En parallèle, la BCT supporte divers coûts de fonctionnement, salaires et frais de gestion.
À l’issue de l’exercice 2024, la Banque centrale a enregistré un bénéfice net estimé à 1,3 milliard de dinars, après déduction des charges. Une petite part de ces bénéfices est allouée au renforcement des fonds propres, tandis que l’essentiel est reversé au Trésor public.
Hadidane a aussi souligné, dans une déclaration accordée à Express Fm, que les revenus de la BCT sont étroitement liés à l’évolution du taux directeur. Ainsi, lorsque celui-ci est élevé, les recettes de l’institution augmentent. En 2024, la stabilité du taux à 8 %, conjuguée à des opérations d’achats de bons du Trésor, a contribué significativement à ses revenus.
Toutefois, les perspectives pour 2025 sont plus modestes. En raison d’une politique de réduction progressive du taux directeur visant à accompagner la baisse de l’inflation, les revenus de la Banque centrale devraient reculer, avec un bénéfice estimé à moins d’un milliard de dinars si le taux atteint 6 % en fin d’année.
Hadidane a par ailleurs évoqué une mesure exceptionnelle : l’État tunisien a emprunté directement auprès de la BCT pour un montant de 14 milliards de dinars, sans intérêts, ce qui s’apparente à une création monétaire. En revanche, les entreprises empruntent toujours à un taux de 8 %, ce qui met en lumière une distorsion dans l’application de la politique monétaire et affecte son efficacité.